Le Paria du Sang Maudit
Il existe des royaumes bâtis sur des fondations plus fragiles que la pierre.
Non pas des murs, mais des serments ; non pas des trônes, mais des mensonges.
Sous les clochers et les vitraux, là où la lumière semble pure, se cache une vérité plus ancienne, plus implacable, que nulle foi n’ose nommer.
Dans l’ombre d’Edelstadt, les chaînes brillent d’or, les prières se nourrissent de chair, et les rires résonnent comme des échos de damnation.
Les hommes ne se prosternent pas devant la vertu, mais devant ce qui les dévore.
La cupidité, la luxure, l’envie, la paresse, la gourmandise, l’orgueil, la colère : autant de festins dressés à la table d’un banquet éternel.
Chacun croit y trouver sa place, mais nul ne s’interroge sur celui qui observe ce festin depuis l’obscurité.
Car il y a toujours un spectateur.
Un regard muet derrière le masque, un souffle entre la vie et la mort, un rire au milieu des larmes.
Et ce regard ne cherche ni gloire ni salut : il cherche la faille, l’invisible blessure d’un monde qui se répète et s’effondre sur lui-même.
Lorsque les rois se drapent dans l’orgueil, lorsque les prêtres se noient dans la luxure, lorsque les héritiers étouffent sous l’envie, lorsque les marchands engraissent de leur propre gourmandise, lorsque les puissants dorment dans leur paresse, lorsque les nobles s’engloutissent dans la cupidité… alors vient l’ultime péché.
Celui qui ne demande pas à être nommé.
Celui qui consume sans fin et nourrit le cercle.
Et dans ce cercle, il ne reste plus ni héros, ni victimes.
Seulement une vérité nue, brutale, implacable :
le monde n’a jamais été sauvé, il n’a fait que survivre à ses propres mensonges.