Brûlure
Elle n’est pas venue au club pour qu’on la voie. Elle est venue pour disparaître.
Priscilla connaît le silence. Elle le porte comme un parfum — invisible, mais lourd. C’est la fille qui ne parle que si ça tranche. Celle qui danse seule, boit lentement, et ne reste jamais assez longtemps pour qu’on se souvienne d’elle.
Jusqu’à lui.
Il ne lui demande pas son nom. Il ne la touche pas. Il la regarde.
De l’autre côté de la pièce, son regard est une question à laquelle elle ne sait pas répondre. Costume sombre. Corps immobile. Yeux qui ne cillent pas. Il sent quelque chose de rare. D’interdit. De dangereux. Quelque chose qu’elle voudrait oublier.
Elle le dit avant de pouvoir se retenir : — Je crois que vous bandez monsieur parfum
Il sourit. Et la nuit bascule.
Désormais, elle est prise dans un jeu auquel elle n’a jamais consenti. Il est partout — dans ses pensées, sur sa peau, dans le parfum qui persiste longtemps après son départ. Il ne poursuit pas. Il attend. Il ne parle pas. Il observe. Et quand il bouge, c’est toujours vers elle.
Priscilla ne croit pas en l’amour. Elle croit en la distance. En le contrôle. En la survie.
Mais Monsieur Parfum ne demande pas l’amour. Il exige l’abandon.
Et quand le désir sent la mémoire, Quand le silence devient un langage, Quand le danger ressemble à un refuge — Comment fuir un homme qui brûlé sur votre âme ?