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40% Le merle

Chapter 2: chap 2

Les discussions s'éternisaient mais Quan Tarly n'avait pas la parole, ce qui l'ennuyait profondément en lui faisant regretter son lit.

Il avait beau être né d'une famille prestigieuse

depuis plusieurs générations, la maison militaire de Deor, être spécialisé dans les victoires militaires et les succès dans les missions extérieures à haut risque, avoir des capacités personnelles hors du commun à la fois de chef et de soldat, il n'avait presqu'aucune influence

politique.

L'empire était en paix et ne demandait pas ouvertement ses services : des missions secrètes ne pouvaient pas lui apporter de succès politique, puisqu'elles restaient inconnues.

Sa maison s'était considérablement appauvrie en richesses et en hommes, dont son père, sous le dernier règne toujours en guerre ; et ses territoires, à l'extrême Orient de l'Empire ne peuvent le soutenir politiquement et financièrement à cause de leur éloignement de la

capitale et de son économie pastorale modeste.

Mais cette impuissance même au palais lui gagnait la confiance de l'empereur, qui ne voyait aucun risque à le garder à ses côtés : il faut voir le bon côté des choses.

Sans importance politique, il ne put que regarder se disputer le ministre des Finances, le très riche Barnet Il Djer, qui ne peut pas avouer que sa famille a fait fortune dans le commerce illégal, et qui continue de s'enrichir avec les impôts ; avec le ministre des Rites, Caroltan

Lan, vieux monsieur long, sec, et solennel, rigide comme un balai dans sa tradition et ses coutumes, en train d'arracher des mains de son voisin un document pour le montrer en gesticulant au ministre Barnet. Ledit voisin s'en offusque d'ailleurs.

C'est le ministre des Affaires Intérieures, Dilar Ardistre, si insupportable à tout le monde, à cause de sa manie de se mêler de ce qui ne le regarde pas, car en dirigeant la police il empiète sur le travail des autres, surtout sur celui de Tan (c'est-à-dire ministre) Deor. C'est le roi des règlementations pinailleuses en tout genre, des détails inutiles et des contradictions : avant de se faire prendre son document il y relevait point par point ce qu'ils avaient écrit, il y a un siècle, de contraire aux normes qu'il avait lui-même pris le soin d'établir.

Le ministre des Constructions en face de lui, Lbel Nal Piil, baille à s'en décrocher la mâchoire. C'est quelqu'un de trop technique pour comprendre les dissertations fumeuses sur les intérêts politiques de ses collègues.

Je n'ai pas présenté le ministre des Œuvres Impériales, Ari Silman Riel petit homme doux et timide, chargé seulement d'exécuter les grands projets ou les petits désirs de l'empereur, le seul acceptable aux yeux de Deor Quan Tarly. Plein de bon sens, ses avis seuls arrivent à faire avancer la conversation vers un projet définitif, qui est, de longues heures plus tard,

présenté à l'empereur.

Il doit être quatre heures du matin, et un froid humide pénètre dans le palais en profitant des économies de chauffage en ce début d'automne. Les ministres frissonnants se sont alignés dans la salle d'audience, une longue pièce décorée sévèrement et luxueusement de mosaïques, tentures sombres et sièges de bois sculptés, terminée par un podium où se trouvent une table basse, un haut fauteuil assez large pour deux personnes, et à ses côtés un présentoir où est

déposé le sceau.

C'est un objet particulier, massif et octogonal, plus large que la paume et aussi haut, doré, finement gravé sur le pourtour, et la légende dit de celui-ci que seul l'empereur arriverait à le soulever et à en faire sortir de l'encre. Rien ne dit que cette légende est véridique, mais c'est chose sûre qu'elle contribue à la légitimité de l'empereur.

Les ministres se placent en saluant de part et d'autre de l'allée centrale, que l'empereur remonte pour s'asseoir à sa table. Ils présentent tour à tour leurs opinions et les documents écrits et l'empereur en acquiesçant, satisfait, appose son sceau.

« Vous pouvez vous retirer maintenant, puisque tout est décidé. Je vous dispense de la réunion du conseil de demain, nous nous reverront le matin du jour dit pour célébrer la naissance. N'oubliez pas vos rapports habituels. Tan Deor, restez derrière, je dois vous

entretenir d'une affaire. »

Ils partent les uns après les autres, sans s'étonner de la dernière demande de l'empereur, puisque Tan Deor est régulièrement chargé de missions secrètes.

Ce dernier reste sur place, incertain de la suite des événements. Voyant l'empereur se retirer à son tour vers ses quartiers, il le suit à travers la porte du fond, derrière le trône, d'habitude réservée aux plus proches serviteurs et parents de l'empereur.

Apres un corridor, ils arrivent dans une petite pièce plaquée du sol au plafond de boiseries claires. Les fenêtres, donnant d'un côté sur un petit jardin intérieur laissent le jour naissant entrer peu à peu et éclairer la scène.

L'empereur s'est assis à un grand bureau encombré de dossiers débordants, et il a posé les coudes dessus, la tête dans ses mains, l'air soucieux.

Tan Deor attend patiemment que son supérieur lui donne du travail. Il n'a pas de raison d'être pressé : cet air ne lui annonce rien de bon.

" Tarly... "

L'empereur a enfin pris la parole, en laissant tomber les titres et politesses pour parler à son ami d'enfance, mais le ministre s'en méfie. Cela fait des années que Tarly ne considère plus cet homme comme son ami, après avoir été trahi autant de fois, en politique et en guerre comme en amour. Le pouvoir l'a rendu insensible et cruel face aux autres qui ne sont là que pour le servir et qu'il voit comme des pions.

" Oui, votre majesté. "

" Tarly, c'est ce soir en ami que je dois te parler. Pas besoin d'être aussi raide. "

Tan Deor se redresse, encore plus inconfortable.

" J'ai besoin de toi plus que jamais ce soir, ou plutôt de ta fidélité sans faille que tu m'a toujours montré. J'espère que tu ne me fera pas défaut ce soir. "

Le silence s'étire un peu. Il attend clairement une réponse. Tan Deor sait qu'il est obligé de s'y plier, que s'il ne répond pas, cette invitation tournera bientôt en menace. L'empereur le tient dans la paume de sa main depuis qu'il a naïvement décidé, il y a dix ans déjà en croyant à leur amitié, de le servir. Il a mis sans réfléchir la vie de sa famille et de son peuple dans les mains de cet empereur, et ils sont maintenant otages de ses décisions.

" Votre majesté, vous savez que je ne reprend pas ma parole. Je servirai l'empire jusqu'à la fin de mes jours. "

L'empereur n'a aucune raison d'être satisfait avec cette réponse, car cette fidélité n'est pas dirigée vers lui, mais vers la nation. Cependant il sait qu'il ne pourra pas faire revenir Tan Deor sur ses mots, alors il abandonne.

" Bien. Ce que je vais te dire ce soir est de la plus haute importance, et comme toujours doit être gardé secret jusqu'à la tombe..."


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